Chats et biodiversité

Un écologue en avril-mai
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Frederic Labaune
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Chats et biodiversité

Message par Frederic Labaune »

Bonjour.

J'ai deux chats et autour de chez moi, il y a un grand jardin puis une friche (zone rurale)... autant dire que certains matins sont pleins de surprises gore (des plumes, des viscères voire des bestioles mortes, pas mangées...).
J'ai lu dans un article de presse que les chats domestiques étaient responsables de la disparition de quelques espèces d'oiseaux, à certains endroits.
Qu'en est-il réellement ?
Finalement, les chats ne remplacent-ils pas tous les prédateurs que nous détruisons allègrement (renards, chats sauvages, mustelidés... bon nombre sont encore classés "nuisibles") ?
Les passereaux, les petits mammifères ne se reproduisent-ils pas assez vite ?
(en quantité suffisante) ?

(avant d'avoir ces chats, je nourrissais les oiseaux en hiver... désormais, je n'ai pas envie de les attirer dans un piège... enfin, il y a d'autres greffiers dans le quartier)

Merci pour votre réponse et éclaircissement.
Fred SVT inside
Jeff MAUFFREY
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Enregistré le : 16 mars 2015, 20:05

Re: Chats et biodiversité

Message par Jeff MAUFFREY »

Bonsoir et merci de votre question.
La question est excellente parce qu'elle fait référence à des nouveaux réseaux d'interaction qui se créent dans l'écosystème urbain ou périurbain suite à l'essor de populations de chats féraux (se reproduisant de manière autonome) issues d'individus abandonnés. Le contexte est tout sauf anodin comme le chat est de loin le mammifère prédateur le plus abondant en EUrope. En GB par exemple ses densités sont 40 fois plus importantes que celle du renard et 80 fois plus importantes que celles des fouines et belettes (3ème ex æquo).
En outre une étude (toujours en GB) montre que les chats domestiques (revendiqués par des propriétaires et associés à une maison) passent plus de la moitié du temps dehors...
La prédation sur la faune des jardins et des banlieues périurbaines est énorme (et surtout pour les petits mammifères qui représentent près de 70% de leur proies, les oiseaux y contribuant pour 25%) et finalement assez peu caractérisée (sauf certaines superbes études anglaises). Une étude sur la prédation spécifique sur les oiseaux montre que le prélèvement par la prédation par les chats sur les rouges gorges, moineaux et accenteurs peut atteindre plus de 50% des juvéniles et donc réduire très substantiellement le recrutement local.
Vous avez donc parfaitement raison, l'image du renard ou de la fouine qui tuaient les poules de nos grand-mères sont donc un phénomène beaucoup plus mineurs quantitativement que les chats prédatant les petits mammifères et oiseaux des jardins et banlieues.
Les chats très (trop) bien nourris consomment en général moins d'animaux sauvages, il ne vous reste plus qu'à engraisser vos chats si vous voulez retrouver de nombreux oiseaux dans vos jardins.

PS: oui les chats domestiques et féraux ont sans doute participé à la disparition de certaines espèces, essentiellement insulaires et terrestres (ou non volantes) comme par exemple le râle d'Hawaï ou le xénique de Stephens... mais sans doute pas tout seul (intervention des rats aussi !)

Bonne soirée
jeff
Verrouillé

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