Prisme d'accrétion et écaillage continental

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Erika Follien
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Prisme d'accrétion et écaillage continental

Message par Erika Follien »

Bonjour,
Lors d'une subduction, la croûte est-elle toujours solidaire du manteau lithosphérique ? Y-a-t-il le plus souvent un décollement au niveau du Moho ? à un autre niveau ? Ou bien est-ce très variable selon les contextes ?

D'autre part, je pensais qu'on pouvait comparer un prisme d'accrétion océanique à l'écaillage obtenu lors d'une collision. Qu'en est-il vraiment ?
Dans un prisme d'accrétion, ce sont surtout les sédiments qui sont "décollés" ; la base de la croûte est-elle concernée ?
Pour l'écaillage lors de la collision, on peut avoir des portions mantelliques "qui remontent", alors peut-on dire qu'il s'agisse du même phénomène ?
Jacques MALAVIEILLE
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Re: Prisme d'accrétion et écaillage continental

Message par Jacques MALAVIEILLE »

Quelques éléments de réponse...

Lors d'une subduction, la croûte est-elle toujours solidaire du manteau lithosphérique ? Y-a-t-il le plus souvent un décollement au niveau du Moho ? à un autre niveau ? Ou bien est-ce très variable selon les contextes ?

Je dirais que tous les cas mentionnés existent. Souvent (ex Alpes, Taiwan), la croûte supérieure est accrétée et constitue l'essentiel du prisme orogénique. Dans d'autres cas, on peut retrouver la croûte granulitique profonde exhumée dans la chaîne, ce qui suggère que toute la croûte (y compris la croûte inférieure) est accrétée. Le découplage peut donc se produire à la base de la croûte où suivant d'autres zones de faiblesse de celle-ci. C'est alors la position du décollement qui va déterminer la partie de la croûte qui sera accrétée (l'autre partie étant entrainée profondément par le manteau supérieur lithosphérique en subduction).

D'autre part, je pensais qu'on pouvait comparer un prisme d'accrétion océanique à l'écaillage obtenu lors d'une collision. Qu'en est-il vraiment ?

Ce qui est comparable, c'est que dans les deux cas, c'est le processus de subduction qui conditionne l'accrétion. Les conditions aux limites géométriques et cinématiques du système sont proches dans les deux cas. Les mécanismes de genèse et croissance des structures tectoniques d'une chaîne d'avant-pays (failles, plis) sont similaires dans les prismes d'accrétion océaniques. Les conditions thermiques (froides) propres à la subduction également. En revanche, les processus de surface (érosion, sédimentation, climat) vont jouer un rôle majeur dans le cas de la chaîne de montagne aérienne, le prisme océanique étant généralement sous-marin.

Dans un prisme d'accrétion, ce sont surtout les sédiments qui sont "décollés" ; la base de la croûte est-elle concernée ?

Dans un prisme d'accrétion océanique, des morceaux de lithosphère océanique (ophiolites composées de péridotites serpentinisées, gabbros, basaltes, pillows…) peuvent être “râclés“ du plancher océanique, incorporés à la base du prisme et finalement accrétés.

Pour l'écaillage lors de la collision, on peut avoir des portions mantelliques "qui remontent", alors peut-on dire qu'il s'agisse du même phénomène ?

La réponse est difficile. Lors de la collision, des “restes“ de l'océan disparu (ophiolites) se retrouvent coincés dans la chaîne, le plus souvent mélangés à des sédiments océaniques et transformés par le métamorphisme de subduction HP-BT. Ces ophiolites peuvent contenir des écailles de manteau (péridotites). Du manteau sous-continental peut également être impliqué dans la déformation crustale associé à la fabrication du prisme orogénique et se retrouver exhumé dans les domaines internes de la chaîne.
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