Cervelet

Verrouillé
Frederic Labaune
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Cervelet

Message par Frederic Labaune »

Bonjour

Depuis quelques semaines, les médias parlent d'une chinoise qui vivrait correctement, sans cervelet (depuis sa naissance)
exemple d'article
Nous n'avons pas à enseigner les fonctions du cervelet (mais un rappel de la part d'un spécialiste nous ferait peut-être du bien :oops: ), mais nous devons parler de "plasticité cérébrale" à nos élèves de TS.
A quel point cette plasticité cérébrale permet de récupérer des fonctions dévolues à des parties "mortes" ou "absentes" du cerveau ? y a-t-il des statistiques ? des évolutions de ces statistiques ? (grâce à quoi ?)

Autres cas plus médiatiques, ceux de Michael Schumacher ou de Jules Bianchi.
Dans quelle mesure ces personnes pourront récupérer des fonctions perdues, y a-t-il une évolution normée (d'abord, telle fonction, puis telle autre...) ?

Merci pour vos réponses.
Merci encore pour le temps passé pour les différents lecteurs de ce forum.

Edit : je viens de voir le questionnement de Marie-Claude Segui - ICI - il va peut-être y avoir des réponses redondantes... faites comme vous le voulez :?
Fred SVT inside
Jean-Michel HUPE
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Enregistré le : 06 nov. 2014, 16:29

Re: Cervelet

Message par Jean-Michel HUPE »

Bonjour,

Vos questions sont intéressantes mais toujours pas dans ma spécialité, désolé (mais j’ai essayé de trouver des collègues spécialistes quand j’en connaissais pour vous répondre). Sur le cervelet, par exemple, je n’en sais guère plus que ce qui est résumé dans l’article de Science et Avenir (motricité/langage). Ce dont je me souviens de mes études, c’est que le cervelet serait en effet particulièrement impliqué dans les tâches motrices (donc effectivement la marche ou la parole), particulièrement pour leur précision. Les neurones du cervelet ont une structure très organisée suggérant un type d’opération (comme générer un signal d’erreur) plutôt qu’un rôle unique dans une seule fonction.
De façon plus générale, la spécialisation fonctionnelle du cerveau ne fait pas de doute, dans le sens où toutes les parties du cerveau ne font pas la même chose. Pour autant, cela ne signifie pas une modularité stricte des fonctions : l’activité neuronale dans une seule région ne suffit pas à déterminer une fonction.

Pour ce qui est de la plasticité du cerveau, oui elle existe, mais les connaissances sont loin de pouvoir la mesurer de façon précise. Elles dépendent dans ce domaine de l’accumulation d’études de cas, de l’étude de patients ayant eu des lésions cérébrales, qui sont toujours différentes. On est loin de connaitre les principes de la plasticité cérébrale, car de façon générale on comprend toujours très mal (disons même pas du tout) comment la pensée est générée par le cerveau. Certaines régions du cerveau sont plus critiques que d’autres pour certaines fonctions – il n’est pas possible de récupérer après des lésions des aires sensorielles ou motrices primaires. Cela parait logique : sans connexions avec les organes sensoriels ou les muscles, les réseaux neuronaux ne peuvent pas prendre en charge ces fonctions. Le langage est moins critique, il existe des possibilités de récupération importante. Celles-ci dépendent cependant de l’ampleur de la lésion. L’aire de Broca est particulièrement importante dans la production du langage. Les possibilités de récupération de la parole seraient à peu près proportionnelles à son intégrité partielle. Une idée (développée par Jean-François Démonet, qui travaillait récemment à Toulouse – j’espère m’en souvenir correctement) serait que tant qu’il existe une partie de ces réseaux neuronaux « qui savent parler », les réseaux neuronaux voisins auraient davantage de chance de se recycler pour se spécialiser dans la production de langage. Quand l’aire de Broca est entièrement détruite, comme il arrive malheureusement assez souvent après un accident vasculaire cérébral, les chances de récupération seraient très faibles. Mais un autre enseignement de la neuropsychologie est la diversité des cas. Certaines personnes ont récupéré un bon usage de la parole après de nombreuses années d’aphasie.

Par rapport à l’idée d’une évolution normée, je ne pense pas que cela puisse exister de façon générale : cela dépend du ou des sites des lésions cérébrales, et de leur ampleur.
Verrouillé

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