Perception visuelle biaisee

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mltouchefeu
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Perception visuelle biaisee

Message par mltouchefeu »

Bonjour,
On a tous regardé cette vidéo surprenante où l'on ne voit pas un homme déguisée en gorille traverser une scène où des jeunes se passent un ballon. Lien vers la vidéo https://m.youtube.com/watch?v=vJG698U2Mvo" onclick="window.open(this.href);return false;).
J'aurai voulu savoir exactement quelles sont les aires cérébrales qui ne fonctionnent pas bien a ce moment là? Pourquoi certaines personnes voient le gorille sans problème?
Enfin, dans certains accidents de la circulation, certaines personnes affirment n'avoir pu éviter l'accident car ils n'avaient tout simplement pas "vu"? Peut-on rapprocher ces faits avec l'expérience realiseé
Jean-Michel HUPE
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Enregistré le : 06 nov. 2014, 16:29

Re: Perception visuelle biaisee

Message par Jean-Michel HUPE »

Bonjour,
Cette expérience illustre une propriété très importante du fonctionnement de notre perception, à savoir son rapport très étroit à l’attention. Cette propriété est connue depuis très longtemps des magiciens (prestidigitateurs) – il suffit d’attirer l’attention du spectateur sur ce que fait une main, en dirigeant son regard dessus par exemple, pour que personne ne remarque ce que fait l’autre main, pourtant « au vu » de tous.
Tout fonctionne très bien dans notre cerveau. Et voir le gorille ou pas ne dépend guère des personnes (plutôt de la situation, du contexte, et par exemple de l’attention portée à la tâche de comptage du nombre de passes).
Ce qu’on apprend ici, c’est l’illusion cognitive que nous avons de pouvoir avoir accès à tout moment à l’ensemble de l’information disponible dans notre champ visuel. En fait, nous n’avons accès qu’à ce qui est sous le focus de notre attention, attention en grande partie limitée spatialement à une partie de ce qui se passe dans notre vision centrale (le « tunnel attentionnel »). Mais comme notre perception est bien faite, dès qu’il y a un changement visuel remarquable en dehors de notre focus attentionnel, notre attention se dirige automatiquement vers ce qui change et donc nous le remarquons. Mais de nombreuses démonstrations montrent que si par exemple le changement est très graduel, ou se fait suite à une interruption très brève de l’ensemble de la scène visuelle, on ne remarque pas des changements aussi flagrants que la disparition d’un objet pourtant saillant, ou un changement radical de couleur (phénomène de « cécité au changement », « change blindness »).

Le rapprochement que vous faites entre ces expériences et les accidents de circulation est très juste. Dans les facteurs qui influencent ce à quoi on fait attention (et donc ce qu’on voit consciemment), il y a notamment ce à quoi on s’attend à voir. Je crois qu’une étude a montré que le facteur le plus important pour le nombre d’accidents entre voitures et vélos était la densité de vélo – bien devant toute mesure de prévention routière, d’aménagement de circulation et même que de visibilité du vélo (éclairages, etc ..). En France, malheureusement, les automobilistes ne voient pas les vélos car ils ne s’attendent pas à les voir, notamment aux carrefours et rond-points. Bon à savoir quand on fait du vélo.

De façon plus générale, le rapport entre perception et attention interroge sur la nature de notre perception. Celle-ci est construite par notre cerveau, et tout se passe comme si notre système visuel échantillonnait la scène visuelle. Le système visuel n’est pas un appareil photo. Pour une discussion très intéressante et approfondie de ces questions, avec ses prolongements philosophiques, une bonne référence est l’ouvrage de Kevin O’Regan
“Why red does not sound like a bell”. Vous pouvez trouver des infos sur son site:
http://nivea.psycho.univ-paris5.fr/" onclick="window.open(this.href);return false;" onclick="window.open(this.href);return false;
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