oral

Pour préparer les concours internes.
Verrouillé
Yann974
Messages : 85
Enregistré le : 22 août 2008, 19:14

oral

Message par Yann974 »

Bonjour,

Ne peut-on pas regrettrer le manque d'entretien personnalisé à l'oral ? Le jury vous pose des questions sans jamais qu'on ait de vrais "retours" sur ce qu'on a proposé. 5 ou 10 minutes qui feraient suite seraient constructives pour les candidats. Le verdict vient avec la note et celle-ci peut-être douloureuse voire inexplicable ! Comment s'améliorer ou avoir un regard critique sur ce qu'on fait si on a pas cet entretien ? Même en "off", sans rien de formel. Nous faisons de même avec nos élèves afin qu'ils ne fassent pas les mêmes erreurs. Les rapports de jury restent assez généraux concernant la partie orale contrairement à ce qui concerne l'écrit. Pour m'être fait recaler plusieurs fois à l'oral sans jamais vraiment comprendre mes notes à postérori, je me dis que c'est peine perdue car je dois faire des erreurs rédhibitoires que je risque de répèter sans cesse, c'est démotivant. Sans compter que l'épreuve orale a un coefficient plus élevé, ce qui n'est pas forcément juste non plus. En effet, nous sommes tous égaux à l'écrit, l'oral présente plus d'aléas entre sujets ; c'est une épreuve d'agrégation, il ne serait pas forcément illogique de valoriser l'écrit, quite à sélectionner à l'oral puisque c'est une épreuve professionnelle aussi ...

Merci pour vos réponses.
Gérard BONHOURE
Messages : 6
Enregistré le : 28 nov. 2013, 07:26

Re: oral

Message par Gérard BONHOURE »

Bonjour,

Une question bien complexe ! Pour tenter d’y répondre, il faut aller un peu dans ce qu’est la « philosophie » d’un concours comme l’agrégation interne, car les jurys ont déjà réfléchi sur la plupart des points que vous abordez.

L’équilibre écrit oral

Il s’agit d’un concours très sélectif puisque ne sont lauréats qu’environ 40 candidats sur 1000. Après l’écrit, les candidats admissibles se tiennent dans leurs résultats, même si une dizaine de candidats obtient des notes plus élevées et sont généralement reçus, mais aussi parce qu’ils réussissent très bien au moins une épreuve orale. De fait, les différences entres les totaux d’écrit sont faibles, et augmenter son coefficient, techniquement, ne jouerait pas vraiment sur le classement. C’est un d’ailleurs un fait puisque nous avons vérifié l’incidence de ces modifications sur les notes données certaines années.

Évaluation de l’oral et équité du concours

L’évaluation de l’oral vise bien sûr à respecter la règle d’équité, absolument fondamentale dans les concours. Comme vous le soulignez, il faut pourtant gérer des différences entre sujets. Ils peuvent sembler de difficultés différentes, mais cette appréciation peut aussi varier d’un candidat à l’autre en fonction de son passé (plutôt « biologiste ou plutôt « géologue », enseignant en lycée ou en collège, selon tout simplement les goûts et les intérêts). C’est pour cela que, d’une part, l’assemblage des deux sujets correspondant aux deux épreuves est réalisé soigneusement de façon à rechercher un équilibre, apprécié à la lumière de l’expérience que les membres du jury ont construite au fil des concours. D’autre part, l’évaluation, comme vous avez pu le constater à la lecture du rapport est fondée sur des « compétences » au sens large (savoir + savoir-faire + savoir être, ou contenus + capacités + attitudes). Au cours de l’épreuve, le jury repère leur mise œuvre (indicateurs) et propose une note, selon une démarche bien connue des professeurs.

L’évaluation se fait donc bien sur des bases équitables, puisque chaque sujet implique que ces compétences soient mises en œuvre, d’une façon ou d’une autre. Ceci vous explique peut-être que le rapport d’oral puisse apparaitre moins « précis » que celui d’écrit. Il ne peut pas traiter du contenu attendu dans chacun des quelques 200 sujets… mais seulement des compétences évaluées et des critères qui sont utilisés.

Nous le disons avant chaque oral, la note correspond à une prestation. Elle peut apparaître « sévère », mais le contexte du concours radicalise les attitudes et ce que l’on observe. Et certains candidats peuvent totalement « passer à côté », ce jour là, sur ce sujet là. Nous avons toujours insisté sur le fait qu’aller à l’oral est en soi une réussite (moins de 10 % des candidats), et que l’enseignant qui échoue sur cette deuxième étape se doit de retourner dans sa classe la tête haute. Les notes sont très tranchées mais elle n'ont qu'une valeur relative.


Alors, comment comprendre les causes d’un échec ? Et surtout, comment se préparer à l’oral, un contexte qui n’est pas celui de la classe ?

Se préparer au concours

La relecture des trois derniers rapports, des introductions entre autres, devrait permettre de s’en faire une idée. C’est l’affaire de chacun, dans sa préparation quotidienne, pourquoi pas en équipe avec un ou deux autres collègues animés du même projet.

Si des questions précises pour l’écrit venaient à être posées, j’essaierais d’y répondre avec précision.

Pour ce qui est de l’oral, la formation est le contexte dans lequel l’observation par le regard extérieur des collègues et des formateurs doit permettre, en réalisant la démarche du jury, d’analyser de façon personnelle vos défauts et de proposer des voies de travail. A vous ensuite de les travailler, de façon plus quotidienne. Pour rendre plus efficace ce travail, pourquoi ne pas le faire avec d’autres collègues, qui de temps en temps viendraient vous voir dans votre classe et discuter ensuite avec vous de vos pratiques (et réciproquement ) ? En devenant inspecteur, j'ai découvert ce que l'on voit "du fond de la classe". Tout collègue désireux de devenir un "ami critique" peut énormément apporter. Le concours n’est pas un concours « hors sol » : si le contexte de l’épreuve se caractérise par l’absence de la raison essentielle de l’enseignement que sont les élèves, ses règles sont fondées sur ce qui est attendu dans la préparation de la classe, ce qui permet de créer les meilleures conditions possibles de l’enseignement en situation. Cela implique à la fois du réalisme (on conçoit des actions réalisables) et une certaine réflexion formelle, surtout de bon sens (on n’attend pas des « prouesses didactiques ou pédagogiques » ni l’utilisation d’un vocabulaire spécifique).

Quid d’une rétroaction à l’issue du concours ?

Pour en venir à votre question initiale, elle n’est pas illogique. Elle impliquerait, qu’après le concours, chaque candidat qui le souhaite (ou de façon systématique), dispose d’un » certain temps » d’entretien avec un des membres du jury qui a pu le voir à l’oral pour lui indiquer les points faibles observés (et qui ne sont pas forcément des points faibles « absolus », mais bien seulement ceux qui ont été vus au cours de l’épreuve).
Si cela ne se fait pas, c’est peut être déjà en raison de questions d’organisation ; un tel entretien ne pourrait se faire qu’après la proclamation des résultats et impliquerait de faire de nouveau converger vers un centre d’entretien le jury (du moins en partie) et les candidats souhaitant des explications. Je transmettrai néanmoins cette question à mon successeur.

Enfin, il vous est possible en envoyant un mail à la gestionnaire du concours (virginie.trois-poux@education.gouv.fr) de demander des informations sur votre épreuve dont nous avons gardé des traces. C’est moins précis peut être qu’un entretien oral, mais cela peut vous éclairer. Une dizaine de candidat réalise cette démarche chaque année, dans les semaines qui suivent le concours.


Bon courage. J’espère vous avoir proposé au moins deux ou trois pistes pour identifier ce qui vous permettrait de progresser. Dites vous aussi qu’avoir été à plusieurs reprises admissibles témoigne de grandes qualités. Ce ne peut pas être le fruit de « heureux hasards ». Je vous souhaite donc de trouver la clé de l’oral.
Verrouillé

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