la fossilisation de la MO au cours du temps

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alice
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la fossilisation de la MO au cours du temps

Message par alice »

Bonjour,

La fossilisation de la matière organique suppose des conditions bien particulières qui ne sont pas toujours réunies bien sûr!
Mais il y a eu de grandes forêts et du plancton à toutes les époques géologiques.
Retrouve-t-on ces matières organiques fossilisées à toutes les époques même en petite quantité bien sûr?
Pourquoi le carbonifère est-il le champion de la formation des charbons?
Les charbons du Crétacé sont-ils importants?

Merci pour votre participation à ce forum.
François BAUDIN
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Enregistré le : 09 févr. 2013, 18:43

Re: la fossilisation de la MO au cours du temps

Message par François BAUDIN »

La réponse à la première question est oui, bien sûr.
Si la matière organique se fossilise dans des conditions exceptionnelles (faibles teneurs en oxygène, taux de sédimentation relativement élevés, …), les sédiments sont alors enrichis en matière organique, avec des teneurs en carbone organique dépassant le pourcent et pouvant aller jusqu’à plusieurs dizaines de pourcents (dans le cas des charbons). Il n’en demeure pas moins que ces environnements sont rares et que l’essentiel de la matière organique est très peu concentrée dans les roches sédimentaires. En moyenne on trouve 0,1% de Corg dans les grès, 0,2% dans les calcaires et 0,5% dans les argiles. Ces faciès « pauvres » représentent en volume l’essentiel des roches sédimentaires et la matière organique y est très altérée … il ne reste en réalité que les fractions les plus réfractaires à la dégradation aérobie et anaérobie.
On estime que l’ensemble de la matière organique fossile représente 10 E+16 tonnes, mais seulement 1% de cette matière organique est concentrée dans les roches riches en matière organique marine (> 2% Corg) et seulement 1‰ dans les charbons.
Cela étant dit, la matière organique dérivant des végétaux supérieurs ne se rencontrent qu’à partir du Dévonien … une fois que les terres émergées ont été conquises par les végétaux.

A l’échelle des temps géologiques, la distribution des roches riches en matière organique n’est pas uniforme. En effet, les roches-mères pétrolières et les charbons du Phanérozoïque se sont déposés dans des intervalles stratigraphiques assez restreints.
Si on s’intéresse aux charbons, on constate que les principales accumulations se sont faites au cours de cinq intervalles : le Carbonifère supérieur (13 % des réserves actuelles), le Permien (30 % des réserves), le Jurassique inférieur (12 %), le Crétacé inférieur (15 %) et le Paléogène (25 % des réserves, surtout ligniteuses). Bien que le Carbonifère tire son nom de sa richesse en charbon, le Permien et le Paléogène le dépassent largement en termes de quantité. Donc contrairement à une idée reçue … le Carbonifère n’est pas l’intervalle de temps le plus riche en charbon à l’échelle mondiale. Il l’est en revanche en Europe de l’Ouest (Angleterre, France, Allemagne,…) où la géologie est « née » ; ce qui explique évidemment le choix du nom de ce système de l’échelle stratigraphique.
Pour ce qui concerne le dépôt des roches-mères pétrolières, on dénombre six intervalles stratigraphiques favorables : le Silurien (qui est à l’origine de 9 % du pétrole – huile et gaz – mondial), le Dévonien supérieur-Carbonifère basal (8 %), le Carbonifère terminal-Permien basal (8 %), le Jurassique supérieur (25 %), la période moyenne du Crétacé (29 %) et l’Oligo-Miocène (12,5 %). Plus de 90 % des réserves pétrolières mondiales sont donc issues de roches-mères déposées pendant l’un de ces 6 intervalles, dont la durée cumulée représente 30 % des temps phanérozoïques.

Charbons + roches-mères pétrolières ne représentant en moyenne que 1,1% de la matière organique fossile, on peut légitimement se demander si les variations de leur taux de fossilisation sont significatives à l’échelle de l’ensemble du réservoir sédimentaire. Il semble que oui si on considère le rapport isotopique du carbone et que l’on interprète ses variations comme des changements dans le cycle du carbone. Les intervalles correspondant aux dépôts des roches mères pétrolières et des charbons sont très souvent associés à des excursions positives du ∂13C. Il est probable qu’en même temps que se déposaient de grandes quantités de charbons et de roches riches en matière organique marine, les grès, calcaires et argiles banales contenaient aussi un peu plus de carbone organique que d’ordinaire. Cela reste évidemment à démontrer !
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