Quels gaz dans les roches?

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marie-claude segui
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Quels gaz dans les roches?

Message par marie-claude segui »

Bonsoir,

Tout à coup, j'imagine que ces roches qui sont remontées, n'ont jamais été en contact avec l"atmosphère...
Enfin, les interactions entre l'eau de mer et les roches de la croûte profonde font partie des questions importantes que nous nous posons... Comprendre la nature de ces réactions, à quelles températures et pressions elles ont lieu, nous permettra aussi d'aborder des problèmes de grands cycles géochimiques, impliquant l'eau de mer cette fois (le plagioclase contenant beaucoup de sodium, étudier les interactions entre plagioclase et eau de mer permet entre autre de comprendre pourquoi la salinité des océan semble tamponnée autour de de 35 g par litre. Et ce qui est vrai pour le Na l'est pour tous les éléments du tableau de Mendeleev...
Etudiez-vous ce que renferment les interstices des échantillons?
de l'eau, des gaz?
L'eau passe-t-elle entre les cristaux? ou dans des micro fissures?
Pour le sodium comment alors la salinité est-elle tamponnée à 35 g/L?

Merci de satisfaire toutes sortes de curiosités!
berenguer
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Re: Quels gaz dans les roches?

Message par berenguer »

Bonjour Marie-Claude.

Pas de problème pour la curiosité, s'agissant de questions scientifiques, il s'agit d'une curiosité bien placée!
Nous nous intéressons aux fluides et aux gaz mais n'échantillonnons ni les gaz ni les liquides interstitiels de nos carottes, comme on le fait pour les fluides interstitiels dans les sédiments. La raison est que les processus d'interaction eau/roches auxquels nous nous intéressons ont eu lieu essentiellement à haute température, lorsque les magmas en cours de cristallisation ou peu après leur cristallisation ont été en contact avec l'eau de mer pour former les systèmes hydrothermaux. Tout cela, c'était il y a plus d'un million d'années et les roches se sont refroidies depuis belle lurettes. Donc, nous étudions les processus d'interaction eau/roche en analysant les minéraux qui résultent de ces réactions, qui sont presque tous des minéraux hydratés comme il se doit, et dont beaucoup ont de belles couleurs vertes (chlorite, épidote, actinotes, serpentines...). Au laboratoire, certains d'entre nous analyserons les fluides et les gaz piégés dans ces minéraux sous forme de très petites inclusions, bulles de 10-50 microns qui gardent dans leur composition la mémoire des processus hydrothermaux de haute température. Nous pouvons d'ailleurs observer ces inclusions à bord au microscope mais n'avons pas, ici, les instruments pour les analyser.

Même si nous n'étudions peu dans le cadre de cette expédition les processus d'interaction de très basse température, ceux ayant lieu actuellement à des températures proches de 0°C sur le fond de la mer et dans les eaux qui circulent dans les fractures superficielles. Ces processus de basse température ont longtemps été négligés par les géochimistes car les cinétiques de réaction sont très lentes et donc on pensait que leurs effets étaient insignifiants. C'est compter sans les dimensions du système: des réactions très lentes mais qui impliquent des volumes gigantesques, cela peut avoir des conséquences importantes pour les bilans globaux, qui restent à quantifier. A bord, une personne s'intéressera éventuellement à ces aspects, il cherchera notamment des traces de vie bactérienne très profonde, mais du fait des difficultés techniques que nous rencontrons actuellement, nous avons d'autres choses en tête!

Pour la composition de l'eau de mer et le problème de la salinité, il y aurait beaucoup à dire. Ce que j'ai voulu dire dans mon message précédent est que l'interaction entre les eaux hydrothermales et des roches riches en Na (les plagioclases) font partie des réactions à prendre en compte dans les bilans expliquant la composition de l'eau de mer, son tamponnage apparent aux époques actuelles, son évolution tout au long de l'histoire de la terre. On est encore très loin d'avoir une vision globale de l'ensemble de ces bilans.

Georges
Verrouillé

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