la disparition d'une espèce par fusion

Symbiose, mycorhize, mycologie, microbiologie, botanique, écologie, évolution
Verrouillé
COLLIN
Messages : 19
Enregistré le : 16 oct. 2009, 15:47
Lieu de travail ou de résidence : auvergne

la disparition d'une espèce par fusion

Message par COLLIN »

Bonjour,
le programme de terminale S mentionne : "On dit qu'une espèce disparait si l'ensemble des individus concerné disparait ou cesse d'être isolé génétiquement."
Pour moi "isolé génétiquement" signifie que les individus n'appartiennent pas à la même espèce : je ne vois pas comment des individus "isolé génétiquement" peuvent redevenir interféconds.
Par "isolé génétiquement" faut-il comprendre isolement par une barrière géographique/écologique ? : même dans ce cas les membres des populations appartiennent bien à la même espèce (par ex. les ours polaires réfugiés climatiques rencontrant des ours bruns peuvent donner naissance à des individus fertiles - grolar ou pizzly - preuve que ces deux formes d'ours appartenaient bien à la même espèce et n'étaient pas vraiment isolés génétiquement. Avec le réchauffement climatique la forme "polaire" va disparaitre - mais l'ours polaire n'est pas une espèce).

Donc je ne comprends pas ce que signifie la fin de cette phrase du programme.... auriez-vous un exemple concret ?
En vous remerciant encore pour votre participation active au forum !!! :appl:
Marc-André SELOSSE
Messages : 33
Enregistré le : 03 juil. 2012, 12:34

Re: la disparition d'une espèce par fusion

Message par Marc-André SELOSSE »

Cher ami,

Darwin disait ne pas s’intéresser tellement à la notion d’espèce, trop indéfinissable, mais plutôt à celle de spéciation. Et votre question renvoie à la spéciation allopatrique (c’est-à-dire l’émergence d’espèces dans des endroits différents). Quand deux espèces émergent par adaptation et/ou dérive dans des endroits différents, et des conditions différentes, aucune barrière n’est sélectionnée entre elles. L’interstérilité (barrière reproductive ou stérilité des hybrides) est un cas de figure inexistant car les espèces ne se croisent jamais de fait et donc le résultat potentiel est aléatoire.

Du coup on a bien envie d'en faire deux espèces s‘il existe comme vous dites une barrière géographique et/ou écologique; et on ne peut pas essayer tous les croisements. Or, de fait, aucun flux de gènes entre elles ! Bref, dans sa définition biologique Mayr a cru bien faire en évitant de dire que deux groupes différents sont de la même espèce s’ils sont potentiellement (mais jamais de fait) interféconds. C’est pragmatique mais cela souligne l’aspect arbitraire de la notion d’espèce. Espèce qui, en fait, n’existe pas en réalité, ce n'est qu'une représentation conventionnelle de la réalité.

Cette option implique que quand un retour en sympatrie s’effectue, et que des hybridations s’opèrent (comme dans le cas que vous citez), on ne peut, ALORS, plus considérer que ce sont deux espèces au sens biologique. Et l’homme, par les aménagements de l’environnement et les échanges commerciaux, contribue à cela. Je vous recommande un article où figurent des exemples concrets demandés, quoique vous en avez un, déjà :
http://isyeb.mnhn.fr/annuaire-et-pages- ... garisation
voir article 65.

J’espère que c’est plus clair – tout cela renvoie au fait que l’espèce n’existe pas dans l’absolu mais est une convention de représentation du monde. Elle change donc au gré de nos observations.
Verrouillé

Retourner vers « MA. SELOSSE (2013 et 2017) »