différenciation/redifférenciation des plastes

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microzelle
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différenciation/redifférenciation des plastes

Message par microzelle »

Bonsoir Monsieur,

On trouve différents types de plastes, proplaste, chloro, amylo, chromo...chez les plantes. Je me posais plusieurs questions à leur sujet.

Je me demandais si un plaste pouvait se redifférencier. Par exemple un amyloplaste qui deviendrait un chloroplaste. Sur internet j'ai trouvé tout et son contraire, pensez-vous que ceci est possible ? Et si c'est le cas, ceci est-il "courant" ? Comment cela se passe-t-il ? Un plaste peut il devenir n'importe quel autre plaste ?

Dans le même ordre d'idée : un plaste peut il "perdre sa différenciation" et redevenir un proplaste ?

Enfin, cette année, un de mes professeurs de biologie cellulaire nous à dit que les mitochondries n'étaient pas "stables", qu'elles étaient très déformables, qu'elles fusionnaient même parfois et échangeaient de l'ADN ! Savez-vous si l'on trouve quelque chose de similaire chez certains plastes ?

Merci d'avance pour votre réponse,
Cordialement,
Laura H.
Marc-André SELOSSE
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Re: différenciation/redifférenciation des plastes

Message par Marc-André SELOSSE »

Bonjour Laura !

1 – PLASTES

En effet les plastes sont différenciés… au moins chez les plantes terrestres (et quelques groupes d’algues vertes). En effet, dans les autres groupes d’algues, ils sont moins plastiques et les cellules en division active, les spores ou autres gamètes ont des plastes photosynthétiques (zygote de Spirogyre par exemple). Il faut bien comprendre que les proplastes sont des plastes spécialisés dans la transmission à la descendance (cellules issues du méristème, zygote, etc…), différenciés fonctionnellement même si simplifiés structuralement.

Oui ! il existe des interconversions : les proplastes peuvent redifférencier en n’importe quoi, chloro -> chromo dans les tomates en murissement, amylo -> chloro dans une pomme de terre à l’air libre qui verdit… Voir pour ces interconversions un livre de bio cell végétale, par ex. ROBERT D. et ROLAND J-C. (1990) Biologie végétale, organisation cellulaire, caractéristiques et stratégie évolutive des plantes (I). Un plaste photosynthétique ou un amyloplastes doivent devenir proplaste quand la cellule hôte se dé-différencie en cellule méristématique.

2 – MITOCHONDRIES

Oui, les mitochondries sont moins stables qu'on se le représente. Elles forment un réseau tridimensionnel dont les coupes en microscopie, ne représente pas la continuité mais l’intersection avec un plan. De plus, elles fusionnent et se séparent en sorte que ce réseau est dynamique. Evidement, les molécules génomiques (ADN circulaire et nu ; il y en a 10 à 1000 par cellule eucaryote !) peuvent donc circuler au sein du stroma.

Cela a une conséquence intéressante, et peu connue : chez les groupes où l’hérédité mitochondriale dans le zygote est biparentale, les mitochondries sont sexuées ! L’hérédité mitochondriale n’est pas maternelle partout, c’est par exemple le cas chez la plupart des champignons, dont les levures – rien moins qu’anecdotique donc. Au cours des fusions qui suivent après la formation du zygote, les molécules génomiques des deux parents fissent par se retrouver dans le même stroma… et, elles peuvent faire de la recombinaison homologue. Et de là, créer de nouvelles molécules chimérisant des séquences des deux molécules génomiques parentales. Ce processus qui crée un nouveau génome est une forme de sexualité (au sens de = tout phénomène qui crée de nouvelles combinaisons génétiques à partir de combinaisons pré-existantes). Il apparaît donc tout un tas de variants de molécules génomiques. Cette diversité (on parle d’hétéroplasmie quand il existe plusieurs types de génomes cytoplasmiques) est instable et certaines formes sont perdues, au moins par dérive, voir par compétition, lors des divisions cellulaires ultérieures.

En revanche, une telle dynamique, et ses conséquences comme une sexualité des organites, ne semble jamais exister chez les plastes.

J’espère que cela répond à vos questions ! Marc-André
Verrouillé

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