Type Humus et champignons mycorhiziens

Symbiose, mycorhize, mycologie, microbiologie, botanique, écologie, évolution
Verrouillé
guillaume.bonin
Messages : 19
Enregistré le : 18 oct. 2008, 21:48

Type Humus et champignons mycorhiziens

Message par guillaume.bonin »

Bonjour,

je voudrais savoir si l'on a des résultats expérimentaux mettant en évidence qu'un humus constitué principalement d'éléments végétaux d'une espèce d'arbre précise (par exemple des feuilles de châtaigniers sous un châtaignier) est un milieu plus favorable au développement des champignons mycorhiziens de l'arbre en question plutôt que d'une autre espèce ?
Ou cette idée est-elle erronée ?

Bien cordialement,
Guillaume BONIN
Marc-André SELOSSE
Messages : 33
Enregistré le : 03 juil. 2012, 12:34

Re: Type Humus et champignons mycorhiziens

Message par Marc-André SELOSSE »

Bonjour Guillaume,

Cette idée concerne les ectomycorrhizes surtout (voir dessin des types mycorhiziens dans la question Mycorhizes de Frederic Labaune, Mer 12 Sep, 2012 10:17 pm).
:arrow: http://forum-svt.ac-toulouse.fr/viewtop ... 135&t=4103

En effet, les mycorhizes en général sont formées dans la partie organo-minérale du sol et le champignon y exploite l'eau et des sels minéraux - dont N et P minéral. Dans le cas de certaines ectomycorhizes (et des endomycorhizes à pelotons des Ericacées, voir même dessin), la mycorhize se développe directement dans de la litière, dépourvue de matière minérale. Ce milieu retient mieux l'eau, mais ces mycorhizes font plus que 'boire' : ces champignons-là ont des enzymes capables d'attaquer les molécules organiques azotées (chitinases, peptidases, enzymes lysant les complexes tanins-protéines qui sont les molécules qui rendent brunes les feuilles mortes…) et les molécules organiques phosphatées porteuses de P (phosphatases). Dans ce cas, une partie du N et du P fournit à la plante est d'origine... organique (la symbiose modifie drastiquement le phénotype !), et la minéralisation a été court-circuitée. C'est une adaptation à des sols pauvres ou mal minéralisés.

Par ailleurs, même si la plupart des plusieurs milliers d'espèces de champignons ectomycorhiziens sont généralistes, il existe quelques champignons spécialisés. C'est le cas chez l'Aulne (qui s'associe à pas mal d'espèces propres à lui seul), ou des Lactaires délicieux : le L. deliciosus (sens strict) sous Pins, le L. deterrimus sous Epicea... En revanche la Truffe noire n'est pas spécifique, contre une idée répandue, mais colonise n'importe quel arbre poussant sur sol calcaire et perturbé (chènes, noisetier, hêtre…).

On a pu écrire que ces champignons spécifiques dépendaient pour leur installation de la litière de l'essence en question. En effet, quand on plante une espèce, les champignons spécifiques arrivent tardivement. Il n'existe cependant aucune preuve que cela soit dû à leur exigence d'une litière, et d'ailleurs ils ne font pas toujours partie des champignons colonisant l'horizon purement organique que j'évoquais plus haut. Leur arrivée tardive est sans doute plutôt due au fait qu'il faut du temps pour que leurs spores arrivent, par hasard, alors que les généralistes, eux, sont déjà présents sur les plantes voisines.

Enfin, Guillaume, quand tu parles de 'des champignons mycorhiziens de l'arbre en question', si tu entends par là 'spécifique', qui ne s'associent qu'à cette essence, il faut plutôt retenir que c'est l'exception, pas la règle: la plupart des champignons mycorhiziens sont généralistes.

___________________________
Ajout du lien cité en référence
EJ
Verrouillé

Retourner vers « MA. SELOSSE (2013 et 2017) »